Pourquoi ne suis je bien qu’en voyage ? Pas besoin de
partir au bout du monde, un simple déplacement en France me convient… Seul
compte le fait de partir…
Partir pour ce petit frisson qui me prend la veille du
départ … vais je y arriver ?
Quelle galère peut il m’arriver ? Quel bonheur vais je
vivre ?
Les galères, par exemple, n’ont pas la même saveur en voyage
que lorsque je reste dans mon coin de Bretagne. Résoudre un problème, en
voyage, se fait sans crise, sans
tempête, alors que le même à la maison entraine un tas de mots tristes à
mourir, de colères sans commune mesure avec l’ampleur du problème.
Le nomade n’a pas le choix, il est ailleurs, il ne parle souvent
pas la langue du pays, et il doit résoudre le problème. Dans son environnement
propre, il ne demande rien à personne, il sait ou et à qui s’adresser, mais il
se dit toujours « fait ch… pourquoi aujourd’hui, j’ai autre chose à faire,
je vais être à la bourre, faut que je téléphone etc… »
En voyage il dépend des autres, il devient un étranger même dans son propre pays, à 100 kms
de chez lui le sédentaire devient nomade et doit se frotter à un autre
environnement, il est comme un bébé qui
vient de naître…
C’est cela que j’aime, ne pas savoir de quoi sera fait
demain, ne plus avoir d’autre désir que celui de découvrir, de voir d’autres
gens, d’essayer de communiquer avec les autres, ce que j’essaye de faire de
moins en moins autour de chez moi…
Tiens chez moi ! Ou est mon chez moi ? Qu’est ce
qu’un chez soi ?
Un chez soi, pour
tout le monde, c’est un coin de pays, ou on vit dans une maison, une grotte,
une cabane… où vit la famille, quelque chose de stable, de rassurant, de
solide…
Pour moi ce peut être, mon camion, un matelas, un duvet, un
réchaud, une assiette et un couvert… Un bon livre aussi. Un abri précaire, mais
qui vous ouvre le monde.
C’est souvent mon bateau, mon ami, mon fidèle destrier grâce
auquel je peux nomadiser en mer ou sur les rivières. Même chose que le camion,
mais un camion qui flotte ! Du moment que je peux lire et écrire des
âneries…
J’ouvre la descente de mon canote, ou la porte du camion et
j’ai le monde en face de moi, il me suffit d’actionner la clé, de hisser les
voiles, et hop, je deviens un nomade ! Quel sentiment de Liberté !!
Quelle maison peut vous donner une telle impression ?
Ne plus avoir de contingences autres que celles que le
voyage vous impose, voilà ce qui m’attire.
En fait, la maison que j’habite en Bretagne n’est qu’une
escale, une escale privilégiée…Un havre
pour se reposer, préparer un autre voyage, un autre départ vers ailleurs … Là
sont tous mes souvenirs… quoiqu’il y en ait beaucoup à bord du Keikiwai.
Partir c’est mourir un peu dit le poète, je dis qu’au
contraire la vie commence avec le départ… la mort aussi, n’est jamais qu’un
départ vers un au delà d’où personne n’est jamais revenu pour raconter… Mais la
mort quand la Vie à été bien remplie doit être comme une dernière escale… je
rêve de partir après avoir bien manger, bien bu, bien chanter avec mes amis,
après avoir passé en revue nos voyages, nos aventures et après une longue nuit
d’Amour avec une Fée … Je veux rester Nomade, même à ce moment là !!!
Pour moi le nomadisme se vit seul, ou avec quelqu’un qui
raisonne comme vous.
La solitude attire les non-solitaires… Cela permet de
rencontrer des gens, qui n’auraient peut être pas oser vous aborder si vous
étiez plusieurs. Le fait d’être seul permet aussi de vivre pleinement, sans la
contrainte de l’autre ou des autres. On
ne voyage pas en meute, on se déplace…
S’affranchir des contraintes d’une Vie rangée, permet de
connaître la Vrai valeur des choses, des sentiments et on se rends compte vite
que la seule chose dont l’être humain ait besoin c’est de manger et d’avoir un
abri pour la nuit, ou quand il pleut, pour se reposer…Même l’Amour n’est pas
indispensable… Juste une douceur bien agréable.
Les premiers hommes étaient des cueilleurs, puis des
cueilleurs-chasseurs. Ils se déplaçaient sans cesse… Puis ils sont devenus
sédentaires… pas forcément pour leur bonheur… Ils sont devenus esclaves de la
terre, de la maison ou ils vivent et inconsciemment ils ont regretté leur vie
d’errance au bon sens du terme.
Il n’y a qu’à voir les migrations estivales… Qui ne rêve pas
de changer de Vie, de cadre de Vie ?
J’ai toujours eu cette impression qu’une maison c’était fait
pour finir une Vie bien remplie… d’errance…Pas un endroit ou l’on reste toute
une vie.
Demain, après demain, l’ours nomade, prendra la mer avec son
pote Frank sur le Keikiwai. Un départ une fois encore, non pas vers l’inconnu,
nous redescendons en France par L’Écosse et l’Irlande en passant par la
Cornouailles… rien que du déjà vu… Mais la mer, Elle, n’est jamais la même… Aventures,
Nomadisme, Départs !!! Que ces mots résonnent bien au fond de mon âme… Que
ne l’ai je compris avant !!! J’ai l’impression d’avoir perdu mon temps à
courir après « le matériel « au lieu de profiter de ce que me
donnait la Nature… ce que le Monde m’offrait…Et la Vie est courte… c’est
maintenant que je m’en rend compte… Alors j’essaye de rattraper le temps perdu…
mais il faut que je « gère les priorités » comme nous disaient les
responsables de Carrefour quand nous n’avions pas fait tout le boulot demandé,
et que nous disions « pas eu le temps ».
Que n’ai je ouvert les yeux avant !!!
Demain, je quitte le sol Français pour le Nord de l’Écosse.
Le Keikiwai m’attend… la mer nous attend, l’aventure est au creux de chaque
vague, le frisson du départ m’habite déjà…l’impatience me gagne… A bientôt les
amis !!!