lundi 29 juin 2015

BARRA ISLAND

BARRA island !!! J’y suis après 8 heures de navigation comme ce devrait toujours être !!! Manquait le soleil mais bon, vent de travers 20 nœuds, Keikiwai, tout dessus,  filait ses 7 nœuds, par moment, jamais en dessous de 5 noeuds. Pas trop de houle, ce fût une belle journée. Je suis quand même vanné et me requinque avec un petit Jura de derrière les fagots et ça le fait mieux que bien… 55 miles en 9h… Pas mal pour mon vieux Keikiwai !!!
Ensuite ventrée de nouilles gratinées et au lit !!! Le vent forcit sec, c’était prévu mais j’ai pris le risque de partir quand même (qui écoute trop la météo reste au bistrot !) et je crains que la nuit soit agitée…
Sur une bouée pas de soucis, dodo comme un loir, l’ours… Demain sera une journée découverte de cette île du bout du monde… Il y a juste en face du mouillage trois plages de sable d’un blanc éclatant !!! On se croirait à Houat !!!

P… de vent de sud-est !!! Ici c’est pire que le sud-ouest chez nous !!! Ça pleut, ça lève une mer hachée que même les bigorneaux râlent accrochés sur leurs cailloux !!! Et ça souffle dur !!! En ce moment 35 nœuds, et ça continue de forcir !! Je l’ai échappé  belle… À une heure près je me prenais une claque sur le nez au milieu des cailloux de l’île de Barra !!! Le chenal pas bien large et surtout visibilité réduite à l’avant du bateau !!! Que je suis bénez sur ma bouée devant le village !! A terre il y a des campeurs !!! Pleins de campeurs « sauvages ». Pour l’instant, ils sont tous au pub !!! Ils ont  intérêt à se réchauffer avant de rentrer sous leur igloo de toile !!! Ils vont être bien à tenir les piquets de leurs tentes !!!  Je préfère Keikiwai, ça bouge un peu mais un peu de chauffage et hop comme à la maison !!!
Un gros bateau de croisière est en train de rallonger son mouillage !!! Ça  forcit toujours… Nuit de veille peut être malgré la grosseur de la bouée ?
Non, dodo dans le carré avec réveil toutes les 2 heures pour vérifier si tout va bien… On appelle ça la plaisance !!!!

La nuit s’est bien passée... Ce matin ballade dans le village et autour… quelques photos pour vous montrer. Le temps change vite comme vous pouvez le voir entre la première et la dernière il s’est passé à peine 2 heures…




























main street 

Et pour ceux qui  ne croient pas qu’Éole en colère, l’hiver, souffle à plus de 200km/h voilà ce qu’il fait aux éoliennes…

Barra Island fut à la fin du 19ème siècle,  comme apparemment toutes les « western isles», un des centres de pêche aux harengs les plus importants au monde… Tout le monde de début mai à  fin juin était « l’esclave » du hareng… Près de 600 bateaux s’adonnaient à cette pêche. Castelbay (ou je suis au mouillage) capitale de l’île, était réputé pour sa qualité et son goût incomparable… Tout autour il y avait des « harengueries » ou les femmes, les anciens et les enfants salaient et mettaient en baril la pêche des hommes. On compta jusqu’à 40 « harengueries » disséminées autour de la baie…
La population s’accroissant, hôtel, boutiques, nouvelles maisons d’habitation virent le jour. On construisit même une église : Our Lady Star of the SEA… et à côté un « abri de marin ».

On réussit même à faire venir le télégraphe en 1884 !!! A l’heure d’internet que cela paraît désuet !!!
Cela eut un autre impact. Les femmes qui travaillaient par groupe de trois (crew), malgré la dureté du travail, les mains toujours dans le sel a vider du poisson, à la fin de la saison, suivaient les pêcheurs dans la poursuite du hareng. Elle purent ainsi découvrir un autre monde, plus au nord, et plus au sud vers les côtes est de l’Angleterre (Great Yarmouth ou Lowestoft). Elles devinrent plus indépendantes et revenaient à Barra Island avec une nouvelle façon de voir les choses. Cela changea leur mode de vie.

Aujourd’hui, plus une seule conserverie, plus un bateau harenguiers, même plus un bateau de pêche… Une grande baie qui se souvient avec nostalgie de son apogée. Son déclin vint dès la première guerre mondiale. Les hommes envoyés à la mort et les femmes aux usines d’armements, plus personnes ne faisait tourner cette économie… Un peu de renouveau avant que la seconde guerre n’arrive… et ensuite plus rien. Le progrès, la pêche au chalut ont eu raison de cette pêche très saisonnière et artisanale malgré tout.

Une ballade m’emmena, le lendemain,  jusqu’à Vatersay Bay. Vatersay est à l’origine une île que les hommes ont rattaché à Barra Island par un « causeway » traduisez môle ou brise lame… en fait c’est un mélange des 2. Il permet d’une part de casser le courant qui passait devant Castelbay, rendant son accès beaucoup plus difficile que maintenant et d’autre part de casser les vagues venant du tréfonds de l’atlantique nord lors des grandes tempêtes hivernales… Malgré cela ça bouge bien quand le vent souffle…  même en été. Je n’ose imaginer avant le « causeway »…!!!
3 heures de marche dans un paysage désolé, de fin du monde. Quelques moutons paissent tranquillement.  Quelques rares maisons isolées de tout rappellent que l’homme existe et au détour d’une colline voilà ce qu’on peut y découvrir…





Voilà, maintenant, je suis à bord, les jambes et le dos moulu par la marche que j’aurai cru plus courte !!! Heureusement un bus est passé fort opportunément au moment où mes jambes commençaient à se faire lourdes… L’ours n’est plus un grand marcheur…
Il attend que le coup de vent de SSE  prévu vers 22h et galopant toute la nuit… Maxi 50 nœuds… Je sens que je vais passer encore une nuit de rêve, couché dans le carré, avec réveil toutes les 2 heures…
Ce soir avant le coup de vent j’irai laver la bête à l’auberge de jeunesse du coin, ici pas de capitainerie racketteuse, et j’en profiterais pour essayer de vous envoyer ce que vous lisez maintenant.

 La prochaine escale sera sans doute South Uist, une vingtaine de miles plus au nord. Stornoway n’est plus qu’ à 80 miles…

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