mercredi 18 mai 2016

NOMADISME QUAND TU NOUS TIENS

Pourquoi ne suis je bien qu’en voyage ? Pas besoin de partir au bout du monde, un simple déplacement en France me convient… Seul compte le fait de partir…
Partir pour ce petit frisson qui me prend la veille du départ … vais je y arriver ?  Quelle galère peut il m’arriver ? Quel bonheur vais je vivre ? 
Les galères, par exemple, n’ont pas la même saveur en voyage que lorsque je reste dans mon coin de Bretagne. Résoudre un problème, en voyage,  se fait sans crise, sans tempête, alors que le même à la maison entraine un tas de mots tristes à mourir, de colères sans commune mesure avec l’ampleur du problème.
Le nomade n’a pas le choix, il est ailleurs, il ne parle souvent pas la langue du pays, et il doit résoudre le problème. Dans son environnement propre, il ne demande rien à personne, il sait ou et à qui s’adresser, mais il se dit toujours « fait ch… pourquoi aujourd’hui, j’ai autre chose à faire, je vais être à la bourre, faut que je téléphone etc… »
En voyage il dépend des autres, il devient un  étranger même dans son propre pays, à 100 kms de chez lui le sédentaire devient nomade et doit se frotter à un autre environnement,  il est comme un bébé qui vient de naître…
C’est cela que j’aime, ne pas savoir de quoi sera fait demain, ne plus avoir d’autre désir que celui de découvrir, de voir d’autres gens, d’essayer de communiquer avec les autres, ce que j’essaye de faire de moins en moins autour de chez moi…
Tiens chez moi ! Ou est mon chez moi ? Qu’est ce qu’un chez soi ?
 Un chez soi, pour tout le monde, c’est un coin de pays, ou on vit dans une maison, une grotte, une cabane… où vit la famille, quelque chose de stable, de rassurant, de solide…
Pour moi ce peut être, mon camion, un matelas, un duvet, un réchaud, une assiette et un couvert… Un bon livre aussi. Un abri précaire, mais qui vous ouvre le monde.
C’est souvent mon bateau, mon ami, mon fidèle destrier grâce auquel je peux nomadiser en mer ou sur les rivières. Même chose que le camion, mais un camion qui flotte ! Du moment que je peux lire et écrire des âneries…
J’ouvre la descente de mon canote, ou la porte du camion et j’ai le monde en face de moi, il me suffit d’actionner la clé, de hisser les voiles, et hop, je deviens un nomade ! Quel sentiment de Liberté !! Quelle maison peut vous donner une telle impression ?
Ne plus avoir de contingences autres que celles que le voyage vous impose, voilà ce qui m’attire. 
En fait, la maison que j’habite en Bretagne n’est qu’une escale,  une escale privilégiée…Un havre pour se reposer, préparer un autre voyage, un autre départ vers ailleurs … Là sont tous mes souvenirs… quoiqu’il y en ait beaucoup à bord du Keikiwai.
Partir c’est mourir un peu dit le poète, je dis qu’au contraire la vie commence avec le départ… la mort aussi, n’est jamais qu’un départ vers un au delà d’où personne n’est jamais revenu pour raconter… Mais la mort quand la Vie à été bien remplie doit être comme une dernière escale… je rêve de partir après avoir bien manger, bien bu, bien chanter avec mes amis, après avoir passé en revue nos voyages, nos aventures et après une longue nuit d’Amour avec une Fée … Je veux rester Nomade, même à ce moment là !!!
Pour moi le nomadisme se vit seul, ou avec quelqu’un qui raisonne comme vous.
La solitude attire les non-solitaires… Cela permet de rencontrer des gens, qui n’auraient peut être pas oser vous aborder si vous étiez plusieurs. Le fait d’être seul permet aussi de vivre pleinement, sans la contrainte  de l’autre ou des autres. On ne voyage pas en meute, on se déplace…
S’affranchir des contraintes d’une Vie rangée, permet de connaître la Vrai valeur des choses, des sentiments et on se rends compte vite que la seule chose dont l’être humain ait besoin c’est de manger et d’avoir un abri pour la nuit, ou quand il pleut, pour se reposer…Même l’Amour n’est pas indispensable… Juste une douceur bien agréable.
Les premiers hommes étaient des cueilleurs, puis des cueilleurs-chasseurs. Ils se déplaçaient sans cesse… Puis ils sont devenus sédentaires… pas forcément pour leur bonheur… Ils sont devenus esclaves de la terre, de la maison ou ils vivent et inconsciemment ils ont regretté leur vie d’errance au bon sens du terme.
Il n’y a qu’à voir les migrations estivales… Qui ne rêve pas de changer de Vie, de cadre de Vie ?
J’ai toujours eu cette impression qu’une maison c’était fait pour finir une Vie bien remplie… d’errance…Pas un endroit ou l’on reste toute une vie.

Demain, après demain, l’ours nomade, prendra la mer avec son pote Frank sur le Keikiwai. Un départ une fois encore, non pas vers l’inconnu, nous redescendons en France par L’Écosse et l’Irlande en passant par la Cornouailles… rien que du déjà vu… Mais la mer, Elle, n’est jamais la même… Aventures, Nomadisme, Départs !!! Que ces mots résonnent bien au fond de mon âme… Que ne l’ai je compris avant !!! J’ai l’impression d’avoir perdu mon temps à courir après « le matériel «  au lieu de profiter de ce que me donnait la Nature… ce que le Monde m’offrait…Et la Vie est courte… c’est maintenant que je m’en rend compte… Alors j’essaye de rattraper le temps perdu… mais il faut que je « gère les priorités » comme nous disaient les responsables de Carrefour quand nous n’avions pas fait tout le boulot demandé, et que nous disions « pas eu le temps ». 
Que n’ai je ouvert les yeux avant !!!
Demain, je quitte le sol Français pour le Nord de l’Écosse. Le Keikiwai m’attend… la mer nous attend, l’aventure est au creux de chaque vague, le frisson du départ m’habite déjà…l’impatience me gagne… A bientôt les amis !!!