jeudi 22 août 2013

DE CARRICKFERGUS AU BONO


Depuis Carryfergus, rien de folichon !!! 
Keikiwai nous emmena sans problème jusqu’à Howth. Puis nous partîmes la fleur au fusil pour le grand saut vers Milfort Haven… qui se termina à Dun laoghaire, pour cause de mère Théo farceuse et d’un équipier fallacieux qui envoya la drisse de trinquette en l’air, histoire que l’ours montre son agilité légendaire pour expliquer à cette jolie drisse qu’elle devait rejoindre ses copines en pied de mât !!! Ce ne fût pas une mince affaire.
Le lendemain et quelques Guiness pour fêter çà (le retour de la drisse) la mère Théo et le père Éole nous gratifièrent d’un super vent d’ouest. Avec houle bien marquée, nous étions à bord d’un shaker, mais nous foncions à … 6 nœuds voir 7 dans les rafales, vers le sud. Milfort Haven nous sembla un piège alors hardi les matelots en route pour le sud de l’Angleterre !!! Et shaker, roulis, roula, shaker again, nous atteignîmes le pittoresque port de Penzance.
Escale de courte durée, car je sentais quelques  choses de pas bien…Je pensais à la pleine lune car souvent elle s’accompagne de perturbations météo….  Traversée de la Manche, toujours délicate à cause des cargos, mais le vent était là, dans le bon sens, et nous embouquâmes le chenal du Four au tout petit matin, contre le courant, nul n’est parfait, mais nous étions en Mortes eaux et ce fût juste un peu plus long que prévu pour atteindre Camaret.
Après une bonne nuit, nuit franche dit-on en marine, hop pluie, pas de vent, pour passer le raz de Sein !!! Arrivée au moteur, dans la boucaille dans le port d’Audierne surchargé de bateaux.
Le lendemain go !!! Audierne- Belle île : 6 nœuds de moyenne, avec vent de travers le bonheur total !!!
Et le lendemain la rivière du Bono caressait de ces eaux, les flancs reconnaissants de mon bon vieux Keikiwai. Et là le sentiment bizarre que je sentais en moi, se dévoila sous la forme d’un email laconique…
« Hervé est parti hier soir pour son dernier voyage »…  

« LE  VERBE HAUT, LE RIRE PUISSANT, L’ACCENT PARIGOT, LA GOUALANTE DE MONTMARTRE ET DES FAUBOURGS PARISIENS, LES SANTIAGUES ET LE CHAPEAU DE BROUSSE, LE  LOOK DE ROCKER, LA ZIQUE, LE BLUES, LE ROCK, L’AMOUR DE LA LIBERTÉ, LA HAINE DE L’INTERDIT, LA HAINE DE L’INJUSTICE, LE RESPECT DE LA NATURE, L’AMOUR QUE TU VOUAIT À TA FEMME ET À TES ENFANTS, TU ETAIS CAPABLE DE PIQUER DES COLÈRES EFFRAYANTES OU DE PLEURER COMME UN ENFANT LORSQUE TU ÉTAIS BLESSÉ, POUR TOI LA PAROLE DONNÉE N’ENGAGEAIT PAS SEULEMENT CELUI QUI Y CROYAIS COMME SOUVENT MAINTENANT.
C’ÉTAIT TOI MON POTE, ET JE T’AIMAIS POUR ÇA.

L’AMITIÉ POUR TOI C’ÉTAIT À LA VIE À LA MORT,  JAMAIS JE N’AI REGRETTER DE T’AVOIR RENCONTRER UN SOIR D’HIVER À NEVERS.
 TU ES LE FRÈRE QUE JE N’AI JAMAIS EU MAIS QUE JE REVAIS D’AVOIR, TOUJOURS LÀ POUR LES BONS MOMENTS… TOUJOURS PRÉSENT DANS LES COUPS DURS.
D’AUTRES  SAVAIENT QUI TU ÉTAIS,  D’AUTRES NE L’ONT PAS COMPRIS, TANT PIS POUR EUX.

COMBIEN DE SOIRÉES AVONS NOUS PASSÉES À SIROTER DU SKY, EN ÉCOUTANT DU BLUES, À REFAIRE LE MONDE ET À RÊVER DE GRANDS VOYAGES ? JE NE SAIS PLUS, MAIS ELLES SONT LÀ, DANS MA MÉMOIRE.

COMBIEN DE JOURNÉES SPLENDIDES AVONS NOUS VÉCU ENSEMBLE ?
TU TE SOUVIENS  DE CETTE MATINÉE D’OCTOBRE ?
NOUS AVIONS MOUILLÉ UN FILET LA VEILLE AU SOIR.
AU PETIT MATIN NOUS AVIONS DÉPOSÉ, SUR LE SABLE LE FILET PLEIN DE POISSONS ET D’ALGUES AFIN DE LE NETTOYER, ET D’UN COUP DEVANT LE SPECTACLE QUE NOUS OFFRAIT LA NATURE, UN LEVER DE SOLEIL EXTRAORDINAIRE, SEULS AU MONDE SUR LA PLAGE, L’ÉMOTION NOUS A SAISI EN MÊME TEMPS ET NOUS AVONS PLEURÉ DE BONHEUR, À GROS SANGLOTS, COMME DEUX GAMINS QUE NOUS ÉTIONS REDEVENU. COMME DEUX GAMINS DE PARIS LA PREMIERE FOIS QU’ILS ONT VU LA MER…

COMBIENS DE GALÈRES AVONS NOUS SUBI ? JE NE LES AI PAS OUBLIÉ MAIS LA PLUS TERRIBLE C’EST CELLE D’AUJOURD’HUI.

COMBIEN JE SUIS HEUREUX QUE TU SOIS VENU ME REJOINDRE EN ECOSSE SUR LE KEIKIWAI. JE TE DEVAIS BIEN CELA POUR TOUTE L’AMITIÉ QUE TU M’AS DONNÉE DEPUIS BIENTÔT 30 ANS. MERCI MON POTE.
PENSIF DEVANT L'IMMENSITÉ ET LA BEAUTÉ
TU ES MAINTENANT PARTI POUR UNE TRÈS LONGUE TRAVERSÉE, AFIN DE RETROUVER CEUX QUI T’ONT PRÉCÉDÉS ET AIMÉS.
SI TU  CROISES EOLE ET NEPTUNE, SALUT LES DE NOTRE PART.  
UNE ETOILE DE PLUS BRILLE AU FIRMAMENT, C’EST CELLE DE TON ÂME. JE SAIS QU’ELLE NOUS ECLAIRERA LES NUITS DE NAVIGATION, ET NOUS PROTÈGERAS.

BON VENT MATELOT, BON VENT BLUESMAN, AND TAKE CARE OF YOU MAN, YOUR WAY IS A LONG WAY…

TU ME MANQUES MON FRERE. »

L'INFORMATIQUE ET TOI !!! UN POÈME 

LE PARADIS DISAIS TU ! 


DES VIOLETTES PLEIN ET ... GROSSES !!! 


DANS UN DES SALONS DU MISHNICH À TOBERMORY!! 

jeudi 8 août 2013

DE ISLAY À CARRICKFERGUS


Nous partîmes de bon matin très tôt (5h30), quittant avec tristesse la terre Écossaise. C’est incroyable comme ce pays si dur, m’a touché par sa beauté, par son atmosphère, par la gentillesse des habitants et oui, j’ai du chagrin… Et je crois que le Groumpfff aussi. Pas un mot pendant quelques heures, les yeux dans le vague, nous regardions s’effacer le rivage d’Islay en avançant vers l’Ulster, terre volée aux Irlandais par les Anglais.
Nous reviendrons un jour, promis !

Le vague à l’âme ça va un moment !!! Un coup de blanc, arrosa nos rillettes de maquereaux et nous redonnas (un peu) le sourire.
Quelques heures plus tard, dans la soirée, nous arrivâmes à Carrickfergus, le port juste en face de Bangor, qui m’a déjà vu deux fois. Chacun son tour,  Bangor n’est pas vraiment une ville joyeuse. Carrickfergus est nettement plus sympathique, protégé par un splendide château surplombant le port.
 




Les commerces très proche, un pub très proche, une ville un peu moins triste que Bangor, mais on sent que la crise est passée par là aussi.



Mais bon il y a quand même un blême !!! Comment des gens qui ont depuis des générations empêchés les catholiques de vivre normalement en les empêchant d’avoir un travail décent, peuvent ils afficher ce qui va suivre !!! C’est du pardonnez moi l’expression du foutage de gueule, de la démagogie pour ignares !!! Cela devrait être sanctionné par la Loi… Sauf que la Loi ici dans ce bout d’Irlande est Anglaise… Alors ça durera toujours. L’Écosse  lors du référendum aurait du devenir indépendante, mais comme trente pour cent de la population vivant en Écosse est Anglaise, l’Écosse est resté sous la coupe des Anglais. Savez vous qu’il y a deux drapeaux Écossais, le Bleu et Blanc entrant dans la composition de l’union Jack et le Lion Écossais sur fond jaune orangé. Sachez que tous les voiliers Anglais rencontrés arboraient le  pavillon de courtoisie bleu et blanc, et que l’on m’a demandé avec dédain quel était celui que j’arborais (le Lion) Merveilleux non !!! 

              


Nous décidons, malgré tout d’y rester une journée afin de nous reposer avant d’entamer les choses sérieuses, à savoir la descente vers Dublin  et surtout la descente tout schuss vers la France.
Traversée de la mer d’Irlande, avec soit un  arrêt à Milfort Haven ou aux Îles Scilly, selon que les vents sont avec ou contre nous. Nous préparons nos offrandes à Éole et Neptune, en espérant que ça leur plaira sinon… aïe aïe aïe !
Si tout va bien nous pensons prendre notre dernière bière Anglaise au mythique bar « le marmaid » à  Sainte Mary. Çe sera pour moi un pèlerinage, un retour vers ma jeunesse… En effet, il y a vingt cinq ans un état celtique avancé m’était tombé dessus… Par surprise !!! si, si, si je vous dis surprise c’est que c’est surprise !!! non mais !! Bon je m’y attendais un peu… J’étais équipier et une première aux scilly ça s’arrose alors… Disons que j’ai sacrifié, par surprise,  à la tradition…
Bref sachez que j’ai hâte de rentrer. Le voyage de Keikiwai pour cette année se termine, pas comme je l’aurai voulu car j’aurai préféré laisser le bateau en Irlande, comme l’an dernier, mais Keikiwai à besoin d’un bon check-up. L’hiver en France me permettra de le soigner comme il faut.
a plus les amis 

mardi 6 août 2013

DE TOBERMORY À ISLAY


Cette fois ci çà sent le retour vers chez nous…
Départ de Tobermory tôt le matin, et le vent nous poussa jusqu’à Oban. Là, un peu désoeuvré, nous trempâmes un fil dan l’eau pendant une petite demi heure…


De quoi faire de bonnes rillettes de maquereaux… a défaut de bars ou de lieux, on se contente de maquereaux…







Le lendemain,vroom, vroom, direction Crinan, avec le courant, et un peu de vent dans la bonne direction, puis un peu plus de vent avec plein de courant et sans vroom vroom, et ensuite plein de vent et encore plus de courant !!! Le Corrywreckan par le travers, Éole d’un coup éternua sévèrement et nous voilà sous  2 ris et Yankee déboulant à plus de 10 nœuds avec un vent de travers et des « friselis » sur l’eau impressionnants, plutôt genre marmites géantes aux lèvres écumantes !!! Le Groumpfff était enfin baptisé par Neptune !!!
Après une réunion au sommet de l’équipage, de 10 secondes, nous décidâmes de continuer vers Jura Island à 30 miles plus au sud. Adieu Crinan !!! Ce fût vite fait !!! À 7 nœuds de moyenne, nous jetâmes l’ancre à la nuit tombante, devant la distillerie de Jura. Belle journée de pur bonheur, a little beat windy but so exciting !!!
Ce matin au moteur, nous couvrîmes la vingtaine de miles nous séparant de Islay.
Une belle rencontre.




Et nous bullons, après un bon repas de nouilles à la sauce groumpff !!!
Un peu de spectacle : le phoque dans le port, faisant son show et nous regardant avec ses beaux yeux quémandant :  « un petit poisson s’il vous plait »

                  


Demain en principe nous quittons l’Écosse pour l’Ulster et l’Irlande. 70 miles environ nous en séparent. Espérons qu’Éole sera courtois cette fois encore, lors de ce passage un tant soit peu délicat.
See you later 

dimanche 4 août 2013

DE TALISKER À TOBERMORY


Il fallut bien quitter cette magnifique baie de Talisker  pour descendre un peu plus bas vers Tobermory, sur l’île de Mull. Le mauvais temps s’annonçait et je ne voulais pas être coincé dans une baie, loin de tout, si le mauvais temps décidait de s’installer pour  3 ou 4 jours. Bien nous en pris d’ailleurs car après une courte escale à Rum Island, pour récupérer un peu de trop de vent debout, avec houle courte, voile plus moteur, (prés Anglais). Le vent se calma d’un coup et le ciel se para de mille couleurs, phénomènes annonciateurs de la dépression qui nous tomba dessus 12 h après.





Nous arrivâmes à Tobermory en pleine nuit, un rien fatigué, et mouillâmes la  pioche et ses 60 mètres de chaîne, avant de nous servir un cht’’i verre de Lambig (c(‘est que de la pomme) et nous affaler dans nos couchettes.
Six heures après, Éole éternuait un grand coup, se mettait à pleurer. Le gros chagrin colérique dura deux jours… Repos, lecture, nettoyage, lessive, une belle vie de fainéant !!!
Je ne vous ai pas tout dit, Le Groompff entre autre défaut, pêche ! Donc nous avons mis à profit ce repos forcé pour fabriquer tout un tas de recettes à base de maquereau essentiellement. Ce soir par exemple, une vingtaine de ces charmantes petites bêtes attendent d’être transformées en rillettes à la façon ours. Hier ce fut un régal de poissons marinés concocté par le groumpff.
Car tous les jours du bateau, à la dandine nous péchons !!! Je pense que dans un certain temps il ne faudra plus me parler de ces gentilles bêtes !!! D’ailleurs ça commence : ce soir mouton écossais aux haricots beurre !!!