dimanche 24 juin 2018

DES ILES ORCADES À STORNOWAY…

« Ça y est on voit Stornoway » cria la vergue quelques milles avant d’arriver !!! Ouf !!! Enfin !!!
Parti 24h avant par beau temps, nous embouquâmes le chenal de Hoy aux Orcades avec le courant et le vent très faible de face…Keikiwai m’a littéralement insulté lors de ce passage !!!! Je fis profil bas car ce fût absolument dantesque !!!! Keikiwai grimpait une montagne d’eau, nous voyons  le ciel et ensuite un gouffre s’ouvrait sous l’étrave et tombait comme une pierre de trois mètres de haut !!! Et ça à répétition pendant juste trois quarts d’heure !!! Avec la trouille de se mettre en travers et se faire rouler… Ce fût une « expérience inoubliable » comme dit La Vergue avec un accent pédant qu’il imite ma foi fort bien !!! Je n’avais jamais vu une telle sauvagerie !!! Comme si Neptune voulait vraiment te couler…il ne jouait plus à faire peur…Une olive entre les fesses et on faisait deux litres d’huile !!!
Bref une fois ce petit jeu terminé, Éole succéda à Neptune pour nous amuser un peu !!! Vent d’ouest !!! Neptune nous envoya une petite houle d’ouest et devinez…dans quelle direction allait on ? Comment ? Oui c’est bien !!! On allait à l’ouest !!!
On a commencer par essayer de tirer des bords qui nous faisaient gagner 1 milles à chaque virement… A ce rythme on y serait après la fermeture du pub à Stornoway !!! Inimaginable pour des soiffards tels que nous, surtout La Vergue  !!! Donc moteur et voile pour appuyer…24 heures de moteur, vent de face et mer formée, et… « Ça y est on voit Stornoway» !!!
Un peu nase, nous nous affalâmes dans nos bannettes, un petit peu abruti…Oui d’accord !!! Mais un peu plus que d’habitude…
La mère Théo ne s’arrangeant pas, en mer, nous avons visité l’île Lewis et Harrys…Quelques photos dans le précédent article 

Sympa et chose étonnante il faisait grand soleil mais nous ne sentirions pas le moisi en rentrant à bord !!!

Nous avons rencontré en rentrant une équipe de jeunes !! Anciens stagiaires du Père Jaouen, anciens Zadistes et tout ce que vous pouvez imaginer comme rebellions !!! Sur un joli bateau en acier de 9 mètres…Des jeunes comme nous étions il y a quarante ans !!! Peur de rien, prêts à tout, et révoltés contre un monde que nous haïssons autant qu’eux !!! Comme quoi la Vie est un éternel recommencement et que l’inter-générationalité ça existe !!! On rigole bien ensemble… c’est l’essentiel !! D’ailleurs on sort d’un repas pantagruélique arrosé de sang de vignes bien de chez nous !!!  Et il ne nous reste une seule chose à faire : la sieste !!!

A plus les amis !!!

samedi 23 juin 2018

BALADE SUR LEWIS ET HARRYS ISLAND

Comme le temps en mer n'est pas fait pour mettre un ours dehors, nous décidâmes de voguer sur quatre roues… moins dur…
quelques photos juste pour vous montrer dans quel environnement nous sommes…si vous retournez en arrière sur le blog vous verrez la même chose mais sous la grisaille…



Et puis au sud de Lewis il y a Harrys !!! c'est la même île mais pourquoi l on t il séparé ? sais pas… mais ce sont d'autres paysages plus montagneux…



Mais il y a une jolie plage qui répond au doux nom de Hushinish… Petit con de paradis perdu au bout d'une roue étroite à une voie le long d'une côte magnifique…



a bientôt

mardi 19 juin 2018

CAP AU NORD ou CAP AU SUD ?

Nous sommes le 20 juin, nous sommes aux Orcades, le vent souffle dans un monde ensoleillé… Le plaisir est entier, mais la foi n’y est plus…
L’envie de naviguer n’est plus là vraiment… L’ours, après en gros 30 ans de navigation dans tous les coins d’Europe, par tous types de temps, s’ennuie en mer…
Il n’a plus envie de souffrir de l’humidité, du froid, d’être secoué, de s’angoisser en regardant le sorcier baisser, de réparer Keikiwai tous les hivers… Peut être aussi que n’ayant  plus rien à se prouver,  Il aspire à autre chose de plus cool…
Déjà l’an dernier il s’était rendu compte que le plaisir d’être en mer n’était plus le même. Une certaine lassitude l’envahissait…le mauvais temps, pensait il, en était peut être la cause…Cette année lui confirme que non…ce n’est pas le mauvais temps…Il est temps de passer la main…L’âge est là, aussi, et bien que la santé aille bien, les reflex ne sont plus les mêmes, l’endurance baisse et les douleurs  confirment que l’ours est toujours vivant !!! 
L’incidence financière à aussi une certaine importance… Le fait de laisser le bateau à l’étranger dans une marina surveillée, l’assurance, les frais d’entretien qui sont relativement importants vu l’âge de Keikiwai, et tout ce que l’ours oublie font qu’il ne peut plus assumer sans mettre en péril son budget dans les années à venir…

Monter aux iles Lofotten au nord de la Norvège est certes un rêve, réalisable sans trop de soucis, puisque cette année nous avons le temps…Nous ne sommes actuellement qu’à trois jours de mer de la Norvège et 2 mois devant nous pour atteindre notre objectif…

 Mais non, après discussion avec La Vergue, et une longue et profonde réflexion personnelle, en toute objectivité, l’ours prend sa décision :  Keikiwai ne connaîtra pas les eaux du Nord, et l’ours ne verra pas ces congénères au Spitzberg…Tout au moins sur Keikiwai…
Cap à l’ouest, vers Storneway…Et ensuite descente vers la France…
Ensuite, la mort dans l’âme, l’ours essayera de quitter son vieux complice…en lui trouvant un autre ami qui prendra soin de lui, comme il a su le faire pendant 40 ans…
Et oui cette année marque son quarantième anniversaire…Que de souvenirs tous meilleurs les uns que les autres !!! La séparation va être très dure, mais la raison doit l’emporter face à l’affectif…

La Vergue, et je l’en remercie, ne juge pas, n’est pas déçu, est toujours heureux de vivre cette petite aventure avec un ours parfois grognon, et comme il dit l’Écosse, je ne connais pas donc je suis heureux !!! Merci gars !!

Voilà vous savez tout… À la fin de l’été, si tout va bien, Keikiwai barbotera dans les eaux du golfe du Morbihan en se remémorant ses longues traversées…

En attendant, j’essayerai de continuer à vous conter nos aventures, bonnes ou mauvaises…
À bientôt si vous le voulez bien…


ÇÀ Y EST C’EST REPARTI !!!

ÇÀ  Y EST C’EST REPARTI !!!

Je sais ça fait longtemps que je n’ai pas écrit une ligne sur ce journal de bord…
Je suis le premier à le regretter car j’aime bien raconter mes bêtises…
Donc mise à l’eau du Keikiwai le 11 juin à Inverness… Même équipage que l’an dernier…La Vergue  toujours aussi raide à la toile et l’ours toujours comme vous savez..

Mais avant, l’ours toujours aussi inquiet à joué du marteau a piquer la rouille  sur un endroit qui lui semblait bizarre tout à l’avant de l’étrave… Bien lui en a pris car la petite tâche de rouille minuscule, devint sous la caresse du marteau un joli petit trou !!!! Grrrr !!!!
Il a fallut attendre le Vulcain du coin qui comme toujours s’est fait désirer, car trop de travail, pour mettre un  « beau » pansement …et enfin ce fût fait…
La caisse de bord se sentit aussi plus légère après avoir payée le port, le grutage, et le « welder » (soudeur)
Bref tout va bien, je vais bien, tout va bien… Je vais bien… Et si les petits trous se reproduisaient ? Et si j’en avais oublié… et si…et si… et M… on verra bien !!!
Keikiwai plongea dans son élément, s’ébroua un peu. L’ours vérifia si la vilaine eau salée ne sentait pas mieux dans la cale que dehors, mis le moteur en route et vroom, nous voilà parti fièrement (heu… !) pour une première étape de 78 miles dans le Firth of je ne sais quoi (imprononçable pour un ours)…Direction WICK !!!
Nous y arrivâmes, le soir, un rien abruti par le ronron du moteur qui appuyait les voiles…Peu de vent, un peu de pluie, mer belle heureusement ! Et…le sorcier commença une descente dont il a le secret…
Dodo bien mérité… Demain sera un autre jour…
 Heureusement la mère Théo se calma juste une demi journée pour qu’on puisse visiter la ville…gris sale mais pas de pleurs et juste assez de vent pour qu’on sache que nous étions au nord de l’Écosse…
Voir Wick et se demander comment une telle ville pouvait exister !!!  Tristes à mourir, les maisons en pierres noircies par le temps, aux façades décrépites, s‘alignaient le long de rues mal pavées. Les devantures de magasins dont les tags sur leurs rideaux de fer rouillés faisaient assaut de mauvais goût. Les habitants bravant la mère Théo, levant à peine la tête, se ruaient vers leurs habitations ou les rares commerces encore ouverts Même les pubs sont tristes !!! C’est vous dire si c’est gai !!!
Ce fut le lendemain que la colère des Dieux éclata !!! Hurricane ils appellent ça ici !!! Hurricane (ouragan) !!! Annoncé heureusement !!!… Dans le port, Keikiwai gîtait comme en mer !!! Il paraît que c’est monté à plus de 50 nœuds (100km/h),  en mer, juste à l’endroit ou nous pensions nous rendre :  les Iles Orcades…

Qu’est ce qu’on était bien au port, la couette remontée jusqu’aux yeux qui dévoraient un bon bouquin « Le club des éternels optimistes ». Ben oui faut bien se remonter le moral quand la courbe de votre moral ressemble à celle du baromètre !!! Bref cela dura une vingtaine d’heures…Et la Mère Théo semblant épuisée, la remontée vers les iles Orcades pouvaient être tentée…
Sale coin !!! Des courants de 5 à 9 nœuds nous attendaient de flotte ferme !!! Par le travers  au début pour finir par nous pousser fermement vers notre but : Le port de Stromness à l’ouest des Orcades…Heureusement Eole était avec nous…Soufflant du Sud- Est il nous poussait…le courant nous poussant par le travers, Keikiwai avançait en crabe !!Pas souvent que ça lui était arrivé !!! Soleil, vent portant, mer calme malgré quelques zigouigouis désagréables, ce fût une belle journée de voile…
Le soir regardant la météo - ici ce n’est plus une habitude, c’est un devoir – on s’est dit que c’était la bonne journée pour traverser… La mère Théo nous préparait une autre colère, ce que confirma le sorcier quelques heures plus tard…

Le lendemain 40 nœuds de vent d’Ouest, nous permirent  d’aller visiter Mainland (la plus grande des îles Orcades, en voiture…Il y a plein de lieu néolithiques avec des standing stones, des circles of standing stones, des maisons de plus de 4000 ans etc…

et je ne vous parle pas du spectacle de la mer déchainée, contrée par les courants et se fracassant contre les falaises !!! De toute beauté, mais quand même fort inquiétant…On se sent tout petit face à une telle sauvagerie…On est quand même bien sur le plancher des vaches !!!

L'AMITIÉ ENTRE 2 ETRES PARFOIS S'ARRETE...

Ensuite comme tous les ans il prépara ses « vacances » sur le Keikiwai …
Cette année elles débutent maintenant, début juin…
Mais le destin est ce qu’il est, et le cœur n’est plus vraiment à l’ouvrage…L’ours est triste…
Son vieil ami, Jean Louis, le livre penseur, grand voyageur aussi bien sur terre que sur mer, infatigable chasseur d’images, compagnon de Rose qui lui donna quatre beaux bébés dont  Il était fier ( Leur tribu comme ils disent ) est parti pour sa dernière aventure…
La mémoire de l’ours s’efface avec l’âge mais il reste tout de même les grands évènements, bons ou mauvais, les belles rencontres… celle de Jean Louis un jour frisquetopluvieux d’Avril sur l’île de Penfret dans l’archipel des Glénans, est de celle là.
Rencontre improbable, à 19 ans de deux doux rêveurs parisiens qui se voyaient bien voyager loin sur les mers et qui ne savaient rien de la manœuvre d’un voilier…
Ils étaient là pour apprendre…
Ils apprirent plein de choses…
Le froid et l’humidité aussi bien sur l’eau que sur terre, (nous vivions sous des tentes de l’armée, ouvertes au quatre vents) dans l’eau, parfois, quand le bateau dessalait (et alors la mer nous salait), Les manœuvres sur un dériveur aussi instables qu’une chaise à trois pieds, les virements de bords, les termes techniques des voileux, dont le célèbre « étarques moi la bosse d’empointure »( ???),  les nœuds et les chants de marins  à la veillée dans le réfectoire de Penfret , la première cuite à la fin du stage en jouant au 7, 14, 21…Jeu redoutable et débile, qui met en jeu une bandes de soiffards et une piste de dés…Celui qui fait 7 commande une tournée, 14 paye et 21 boit…l’ours était en veine, il a tout bu,  a raté son train le lendemain et bien sur son retour au travail…
La rencontre avec Jean Louis aurai du s’arrêter là, mais le facétieux  destin en décida autrement…Lui avait quitté Concarneau avant la fin de la beuverie, son père étant venu le chercher… et moi pris le train pour Panam le lendemain soir …Et qui vois je arriver tranquillement sur le quai du métro ?  Jean Louis…
-       tiens Gérald !!
-       Tiens Jean Louis !!!
-       Tu vas où ?
-       Guy Moquet
-       Tiens moi aussi, tu habites où ?
-       Rue du square Carpeaux
-       Moi rue Ordener !!
-        
Nous habitions à 500m l’un de l’autre et il a fallut une rencontre en Bretagne pour que naisse une amitié, qui dure encore, même si la Camarde, jalouse sans doute, en a décidé autrement…
Et de soirée en soirée, le rêve d’avoir un bateau s’est transformé en projet….Et de projets en projets les deux parisiens ont construit leurs bateaux et ainsi réaliser leurs rêves…
Deux bateaux, CORNWALL et KEIKIWAI, sister chips, naquirent au fin fond de la campagne normande, à côté de Ouistreham… Il aura fallut quand même cinq ans de dur labeur, …Mais que de bons souvenirs !
Dans les moments durs, les moments où l’on pense que l’on y arrivera pas, l’Amitié prenait le quart…et ça repartait de plus belle… L’aventure c’est aussi  créer,  cheminer…le but est juste la fin de l'aventure…
Un beau jour, nous avons enfin réussit à voguer sur la grande bleue, sur nos canotes, …Nous n’y connaissions pas grand chose, mais l’inconscience de la jeunesse à fait qu’un beau matin, après quelques galères et quelques coups de vent, nous vîmes, L’Espagne, puis le Portugal devant l’étrave !! Quelques mois plus tard Gibraltar nous ouvrait la porte de la Méditerranée. Nous découvrîmes à l’occasion le Nelson Blood, le rhum de la Navy…je vous passe le détail des soirées…ce ne serait pas raisonnable…c'est d'ailleurs la seule fois ou j'ai vu Guennec dans un état celtique quelquefois avancé !!!il ne buvait pas beaucoup...
Et d’années en années, la Méditerranée, n’eut plus de secrets pour nous, quoique…
Belle et Joyeuse époque ou on changeait de destination au gré de nos envies, où on louait nos bateaux à de plus néophytes que nous, pour leur apprendre( !), pour pouvoir naviguer car l’argent manquait souvent…Nous travaillions six mois par an !!
Le 1er avril on donnait notre démission pour partir le jour de la fête du travail !!!  Un petit clin d’œil à ceux qui nous prenaient pour de doux dingues… Nous vivions à bord de nos bateaux, et rêvions de grands océans, de traversées…Jean Louis surtout, il avait plus de temps de libre, était plus fou que moi, ne pouvait vivre sans aventure… Quelqu’elles soient…traversées de l’atlantique sur d’autres bateaux, voyages un peu partout dans le monde…il tomba amoureux des pays d’Asie qu’il fit découvrir à sa tribu.
Il avait découvert depuis très longtemps la photographie et devint un "amateur" professionnel. Je crois qu’il voulait comme d’autres grands photographes, laisser une trace de notre époque…Ses enfants et sa femme ont des millions de photos soigneusement classées dans des albums, des disques durs…Autant de souvenirs qu’ils pourront regarder et montrer aux enfants, aux amis, à tous ceux que cela intéressera…

Nous vécûmes ainsi pendant près de 10 ans. Ensuite nous avons jeté l’ancre en Morbihan…Jean Louis devint bouquiniste…Un jour, il annonça qu’il vendait Cornwall… Son père décéda. Une autre aventure l’attendait : S’occuper de sa tribu…Leur faire découvrir le monde, leur apprendre les vrais valeurs…
Jusqu’à ce jour funeste de son départ pour sa dernière navigation il assura…comme en mer, comme partout, il assura…et ce ne fut pas toujours simple…
La civilisation, rattrapa l’ours…Une petite fille naquit…Keikiwai passa de trop nombreuses années sur le terre plein d’un chantier. La vie de L’ours continua…il rentra dans le moule…
En fait nous ne nous sommes jamais quitté et même si nous nous voyions peu, chaque visite était une petite fête…Un p’tit café croissant  au Celtic, de longues discussions au soleil devant la boutique, nous refaisions le monde, comme jadis…
C’est beau l’Amitié…
Maintenant il y a un grand vide en moi…

je sais que tu es là, vieux mataf, mais ce ne sera jamais comme avant…Tu me manques…Tu nous manques…Bonne route vieux, que les vents soient portant, que sonne la bamboche…je gueulerais toujours ces chants de marins que tu aimais tant…ils te seront tous dédiés…