dimanche 2 septembre 2012

DE BELFAST À HOWTH


Me voilà arrivé en Eire. À Howth, port de pêche, port de plaisance, situé au nord de la baie de Dublin, dan un site très agréable. Des îles, en protège l’entrée, et aussi quelques bancs de sable et un courant conséquent. Si j’avais su comme c’était, je ne serais sûrement jamais rentré là, de nuit, après une journée comme je venais de passer.
Je raconte…
De bon matin, je me levai, et prenant mon café sur le pont, je « humai » le temps … Bof Bof… Vent de noroit, rafales trapues, ciel aussi noir que mon café mais avec un peu de bleu derrière… Hum !!! Bon… J’y vais…
À peine sorti du port, parfaitement abrité de la houle, je me retrouve dans un ressac monstrueux, où le pauvre Keikiwai se secouait comme il pouvait pour ne pas se noyer !!! À moins de 2 nœuds, le moteur à fond nous sort tant bien que mal de ce m…ier.
Pendant ce temps, jouant les funambules équilibristes sur le pont, je hissai l’artimon (à l’arrière) et la trinquette (à l’avant) voilure de gros temps car je ne sentais pas, mais pas du tout, du tout la suite des évènements…
Je coupais le moteur, pris le bon cap pour passer un cap, situé à une dizaine de milles, que j’allais devoir passer vent de travers pour ensuite pouvoir descendre plein sud au portant.  Jetant un œil négligeant sur le loch… 8 nœuds !!!  Je n’ai pas vu cela, sous cette voilure, depuis, oh la la !!! Depuis longtemps. La mer grossissait et d’un coup le vent est rentré fort, très fort, continue, sans rafales…Keikiwai, les passavents dans l’eau peinait, malgré sa vitesse, à garder son cap. Pas vraiment rassuré l’ours, mais au bout d’un moment, il s’habitua et profita du spectacle… La mer était bleue, comme le ciel qui s’était dégagé, mais couvertes de taches blanches qui commençaient par endroit à déferler… C’était magnifique !!!
Et là, tout à ma contemplation, grosse frayeur !!! Une vague arriva par le travers bâbord, plus haute que la bôme et déferla à quelques mètres de moi couchant le bateau, remplissant le cockpit à ras bord !!! J’avais les c…s dans l’eau (non… seulement les cuisses !!!), me propulsant sur le winch tribord… Boom bobo aie aie aie !!!
Keikiwai, vaillant soldat, accusa le coup, couché sur la hanche pendant quelques secondes, s’ébroua et continua sa route… Du coup, je pris la barre, car le pilote automatique, travaillait bizarrement.
Point positif, je sais que la « véranda » est solide, test réussi, vu ce qu’elle venait de prendre !!!!
Une heure après environ, je laissai le cap à franchir sur l’arrière et pris le cap de Dublin. Tout allait bien, le vent restait très fort, la mer aussi, je remis le pilote en route et le bateau ne tenait pas sa route. Je repris la barre en me disant que la mer était trop houleuse et qu’il valait mieux que je barre. Mais ça me turlupinait et je remis le pilote et allait à l’arrière vérifier que le vérin fonctionnait bien, et là… L’axe (en inox de 12mm) qui relie le vérin à la mèche de safran était sectionné net.
Galère de nom de Dieu de galère !!! Et là comme un ennui n’arrive jamais seul, l’artimon voulut me décapiter en passant d’un bord à l’autre sans prévenir !!! Empannage non prévu, le bateau aurai du remonter au vent mais gêné par la houle il s’en est écarté et vlan !!! La fixation de l’écoute lâcha et je pris la bôme heureusement en fin de course sur l’épaule et me trouvai coincer contre les haubans. Merci les haubans…
Pas bobo, un peu quand même, mais jurons copieux que je n’ose même pas répéter !!!
Regardant ma voile, elle n’avait plus un coulisseau de mât valide, sauf celui du haut et celui du bas.  
Tout va bien, je vais bien… Tout va bien je vais bien … tout va… gromlllll de grompfff !!!
Restons positif : la réparation de fortune des drosses, faites à Oban, tient. Tout va donc  bien se passer !!! Il n’y a plus qu’une douzaine d’heures à rester scotché à la barre…
Ainsi continua la journée, 3 heures après le vent commença à faiblir, la houle se calma, L’ours avait retrouvé les réglages de voile  lui permettant, de descendre faire le point  et prendre vite fait dans les placards de quoi se restaurer un peu.  Un peu sportif mais on s’habitue… mais faut pas que ça dure !!!
Je renvoyai de la toile, pour finir au crépuscule, avec toute la garde robe sortie !!!  Keikiwai allait bien, gardait son cap  et je pouvais presque aller dormir !!! Je plaisante mais ça se passait bien.
Sauf que le vent est tombé, il restait environ une vingtaine de milles à parcourir. Donc j’appelai à mon secours la brise Yanmar.  Et là, jamais 2 sans 3, le voyant de charge s’alluma et la sirène retentit me cassant les oreilles. Je la coupais, allait voir la courroie qui était bien en place et… continuait ma route, me disant que ce n’était pas grave, l’alternateur devait avoir un problème que je règlerai au port.
Mais là le bateau ne voulait plus du tout garder son cap, dès que je lâchai la barre il allait batifoler aux 4 coins de la rose des vents, me rivant à la barre pendant 5 heures, avec un atterrissage de nuit dans un coin que je ne connaissais pas. 
Mais je suis là, au port, vivant et ma foi assez content de mes réactions, de ma résistance que je croyais bien entamée avec l’âge. Cela aura été le clou de cette croisière estivale qui restera gravée dans ma mémoire comme exceptionnelle. Il fallait bien qu’il y ait un coup de vent sérieux sinon ça n’aurait fait pas vrai !!!  
Reste que je vais arrêter là ma descente vers le sud. Il me reste une vingtaine de milles à faire pour aller à Dun Laoghaire, côté sur de la baie de Dublin. La marina y est sur. Je répare le pilote et l’écoute d’artimon  pour y aller et je me pose pour l’hiver. Et je soigne le bateau pour repartir l’an prochain avec un Keikiwai, plus fringant que jamais.

Vous savez tout.
Il n’y a pas de photos cette fois ci, je n’avais pas vraiment ni le temps, ni l’envie… Désolé !!!
Le voyage continue malgré tout, je vais rentrer en France, il y aura peut être d’autres bêtises à raconter !!!
A plus.

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