De bon matin, nous partîmes confiant pour le port de
Penzance… pour une promenade de santé… 30 miles au près … mais Éole décida de
s’amuser un peu en nous obligeant à tirer des bords… Grrrr !!!
Donc ce qui devait être bâché en 6 heures, le fût en 12…et
quelques virements de bord…
Nous arrivâmes sans encombre presque à la fermeture de
l’écluse… amarrage, miam miam et dodo…
Mais… Miss Déveine venait de monter à bord...
Déjà, le lendemain, on faillit rater l’ouverture de l’écluse
à ½ heures près. L’ours, la veille, s’était emmêlé les pinceaux dans ses
calculs de marée et de courants… Du coup, une fois sortis du port nous étions
en avance sur les courants… pas grave… de toutes façons pas de vent donc Nestor
se mit au travail…il ronronnait gentiment, poussant Keikiwai à 5,5 nœuds sans
effort…
Passage de Land’s end sans problème, courant pour nous...
l’équipage relax, se préparait à une traversée sans soucis… La Mère Théo nous
laissait une petite fenêtre de beau temps pour passer cette redoutable
guerrière qu’est la mer d’Irlande.
Et comble de gentillesse Eole, son âme damnée, nous gratifia
d’un doux vent portant…
Tout allait bien !!! Midi l’ours titiller une petite
faim, décida de quitter le pont, ou il faisait un petit somme au soleil, pour
aller préparer le déjeuner… Et là patatrac Miss Déveine montra le bout de son
nez sous la forme d’une petite fumée qui
montait de l’échappement moteur… Il crachait de l’eau mais avec une drôle de
fumée blanche… La Vergue alla ouvrir les panneaux du moteur pour regarder s’il y avait quelque
chose de bizarre…
Et là, fuite d’eau de mer dans le bateau !!! Pas de
panique ce doit être un serflex mal serré sur une durite… Clé de 7… On serre,
on serre mais plus on serrait et plus ça fuyait…et d’un coup tout lâcha… voie
d’eau… on arrêta le moteur… Les voiles furent établies et nous continuâmes
notre route…
Le bilan était simple pour une pièce en métal corrodée, nous
allions nous passer de moteur jusqu’à Dublin… 230 miles plus au nord !!!
Cela sans pilote automatique,
Puisque plus moyen de charger les batteries si ce n’est avec
le panneau solaire qui n’étale pas la décharge due au fonctionnement du pilote…
Comble de bonheur, le vent était évanescent, Keikiwai, courageusement,
se déhalait entre 1 et 2 nœuds sur le fond… l’ours à la barre grommelait … se
détruisait tout seul le moral en râlant contre Miss Mécanique, cette fille de
rien, qui n’est bonne à rien si ce n’est
qu’à em… le monde et particulièrement l’ours !!! La Vergue, insensible à
la détresse de son capt’ain, réglait inlassablement les voiles, essayant de
gagner de précieux dixièmes de nœuds…
Cela dura une dizaine d’heure, Éole de temps en temps nous
envoyait une petite risée qui nous faisait avancer un peu plus vite, puis
s’essoufflant, nous rendait à notre dérive…
Neptune lui se bidonnait !!! Ce qui pour nous se
traduisit par une petite houle de travers qui déventait un peu les voiles (au grand désespoir de La Vergue !). La
bôme, les écoutes et tout ce qui semblait vouloir faire du bruit, décidèrent de
se produire en concert cacophonique !!! Concert qui empêchant de dormir
l’ours, finit par le rendre très très … vous voyez quoi !!!
La tombée du jour détendit Éole qui soupira
doucement…Keikiwai s’ébroua comme après un mauvais rêve et allongeant la foulée
atteignit enfin une vitesse agréable…du coup la houle s’effaça et le concert
cacophonique cessa pour la plus grande joie de nos oreilles…et de nos nerfs…!
Doux crépuscule, doux début de nuit…mais tout à une
fin ! Éole sans doute agacé une
fois de plus par la Mère Théo éternua une fois… deux fois … et nous voilà à 2 h
du matin à prendre deux ris dans la grand voile et à affaler la trinquette…6
noeuds sur le fond, Keikiwai nous montra ses vrais qualités…Soigneusement
équilibré par les réglages de La Vergue, il gardait son cap sans problème… Son
équipage se relayant à la barre toutes les 2 heures pour barrer, pas de pilote,
et veiller les cargos… Le courant s’inversa vers
Le lever du jour et nous freina sérieusement, mais nous
avancions toujours bien… A quelque chose malheur est bon car si le vent était
resté aux abonnés absents, nous aurions reculé !!!
La journée s’annonçait grise, pluvieuse et venteuse… un vrai
temps Irlandais !!! La Vergue était baptisé ! Welcome to Ireland !!!
Le vent se calma dans l’après midi, le courant nous expulsa
du plus délicat passage entre le Pays de Galles et l’Irlande, le Bristol
Channel, resserrement combinant un effet venturi et un entonnoir qui peut
énerver sérieusement le barbu au trident !!!
Tout alla bien durant la nuit. Agitée mais maniable, Neptune
et Éole nous permirent de ne pas trop
souffrir… Mais la fatigue était bien là quand même… L’équipage de vieux
commençait à en ch… et avait hâte d’arriver à Dun Laoghaire…
Le matin soleil !!! Mais vent toujours fort, mer
agitée… puis petit à petit Éole sans doute fatigué par sa prestation
s’essouffla. Keikiwai ralentit, mais avançait ses 3 à 4 nœuds sur le fond… Les
ris furent relâchés… pour être repris ½ heure plus tard !!!
Un énorme nuage noir, surgissant des Wicklow Mountains, ressemblant à s’y méprendre à un dessin d’Éole,
les joues gonflées de colère, s’abattit sur le Keikiwai avec une force
incroyable !!! Keikiwai accusa le coup, se redressa un peu sonné et
courageusement se remit au boulot…
Heureusement Nous nous étions rapproché de la terre, la mer
ne levait pas plus…
L’ours se dit alors qu’il devrait prévenir le capitaine de
la marina de Dun Laoghaire. Trop loin pour la VHF on a recours au portable
« Hello we will arrive in few hours. Engine out of
order, we will put the anchor in the harbour »
« Good evening Keikiwai… It’s strictly
forbiden !!!
« Have you possibility to assist us with a security
boat ? »
« No because you will arrive too late !!!! The
solution is : Call the lifeboat, it’s free in our country »
La viscosité mentale de l’ours, due sans doute à la fatigue
accumoncelée… fit qu’au lieu de regarder la position sur la carte il fit le 112
et instantanément la procédure se mit en route !!!
Les coastgards, nous prirent en charge et nous n’avions plus
qu’à affaler les voiles et préparer le remorquage par le canot des lifeboats…
Et là l’ours s’aperçut que le port de Wicklow, était à
2miles de notre position et que nous aurions pu l’atteindre sans problème en
remontant à peine au vent… et que même nous aurions pu pénétrer dans le port
sous voile et affalant les voiles, Éole nous aurait pousser gentiment contre le
quai… L’ours mit son orgueil sous sa manche…gromeleu gromeleu…
Nous remorquant à 5 nœuds, la vedette tout temps de Wicklow
posa le Keikiwai, avec tous les égards du à son grand âge, le long du quai…1/2
heure plus tard…
Comble de la gentillesse légendaire des Irlandais,
nous fûmes inviter à prendre a cup of tea or café dans leurs locaux… qu’ils nous firent visiter.On rigola bien et nous rentrâmes à bord…impatient de nous jeter sous la couette !!!
Voilà comment à cause d’une panne mécanique, entrainant une
fatigue excessive due à la navigation mais aussi au stress de ne plus avoir la
sécurité (toute relative mais quand même là) du moteur, l’ours atteint de
viscosité mentale dérangea les sauveteurs Irlandais…Il s’en veut encore de
n’avoir pas eu le reflex basique de regarder la carte !!! Grrr !!!
Mais dans notre malheur, si on peut appeler çà un malheur,
la Mère Théo et ses acolytes se montrèrent clément… Toute la route se fit au
portant !!! Nous ne voulons pas imaginer le contraire… non, non, pas
question !!!
Nan en fait j'ai compris...
RépondreSupprimer"...pour aller préparer le déjeuner."
Tout s'explique...
Soyez heureux de pas avoir eu le Kraken en bonus...
L'OURS...en cuisine...
Joli texte !! De grand GG !!
Bises.